Le chêne et les Marcantins .
Le chêne bicentenaire de Marc la Tour culmine à 16 mètres de hauteur, son houppier recouvre la place du village, la circonférence de son tronc est de 3m50, il penche depuis peu dangereusement vers l'église, il avait bien résisté à la tempête de 1982 et de 1999.
Combien de Marcantins,es a-t-il vu naître et grandir depuis la révolution française ? Combien de visiteurs ont profité de son ombre pour la fête votive le dimanche après le 15 août? Combien ont mangé, dansé, assisté aux funérailles ,aux mariages sous ce chêne ?
Tout un symbole , il disparaît avec la Commune qui fusionne avec Lagarde Enval !
Ma famille était déjà à Marc la Tour avant 1800 lorsqu'il fut planté, agriculteurs puis bistrot et agence postale en face de la place...Dans mon enfance il y avait encore trois chênes sur la place : bel esprit républicain! Un pour chaque République de la première à la troisième puis le changement de République s'est banalisé ....
La sacro-sainte voiture a eu raison de ces arbres de la République. La place en impasse a été goudronnée en même temps que la route qui conduit au bourg, elle est typique des villages corréziens avec son chêne, l'église, le cimetière accolé, le monument aux morts,l'école,la fontaine, l'ancien café et l' agence postale . Les jours de fêtes les hommes jouaient aux quilles sur la place. Enfant je mangeais ma "bouillie" avec ma mère assis sur la pierre de la Bastille ! A quatre ans je suis entré à l'école publique, fermée depuis en 1982 avec le dépeuplement rural et la rurbanisation.
Voici ma première photo de classe de l'année 1952-53 sous le chêne,trente élèves, deux classes,il y en aura près de 40 l'année suivante, enfants du baby boom d'après guerre... On aperçoit en arrière plan les deux autres chênes. Sur la photo vous pouvez me reconnaître sans casquette, cheveux noirs et bottines ! Il y aussi Milou Boudre, Robert a déjà quitté l'école, Roland et ses frères, Aubin et sa soeur, Monette Monteil, Dédée Marroussie,les familles Bassaler, Daumard, Rivière, Eyboulet, Lajoinie, Presset, Claude Fourche, Claudine Jourde et qui ont disparu Kaloula Battut,Germaine Millet, Bernadette Lamoure, Jackie Mazier,Justin Vialle, deux frères de l'Hort dont j'ai oublié le nom.Tiens je ne vois pas Claude Vergne qui mangeait tous les midis chez moi avec Monette,ceux d'Habilis mangeaient chez Battut.
C'était gratuit la cantine. On pratiquait le troc.Repas contre légumes où le miel de Léon Monteil.
Chacun pourra raconter comme moi sa petite histoire plus au moins joyeuse au pied de cet arbre majestueux.
Nous lui avons rendu hommage en 1989 pour le bicentenaire, puis en 2003 avec des jeunes femmes de 6 nationalités, apprenant le français, qui ont gravé 3 mots dans la pierre : Liberté-Egalité-Fraternité.
J'avais proposé que la place soit rénovée en castine, nous avons oublié que l'arbre est un être vivant qu'il faut soigner...même urbaniste nul n'est prophète en son pays!
Chacun veut aller à la mairie, à l'église et au cimetière en voiture .On se demande comment faisait les anciens sans voiture, les enfants de l'école qui venaient des villages éloignés, ou mon grand père facteur à pied et à vélo après de Grande Guerre de 1914-18.
Bref une autre époque à vivre avec Marc la Tour le village sculpté et la nouvelle commune. Nous avons souhaité sculpter des morceaux du chêne lorsqu'il sera abattu , nous demanderons aux habitants un mot en mémoire de cet arbre et leurs souvenirs. Un nouvel arbre de la liberté devra être planté et tous ces mots gravés dans nos mémoires.
Méditons ceci :
"Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir ....un peuple sans culture est un peuple sans âme".
PS Je rajouterai à mon retour de Maurice deux de mes peintures de 1981 et 1988. L'arbre y était encore parfaitement sain. Sa dégradation est récente, faute d'entretien et l’asphyxie du goudron. Sur la photo de Marie Photo Passion de ce mois de mars 2020... le chêne s'envole vers le ciel .
Jacques Tramont.
exceptionnellement pas de traduction anglais espagnol cette semaine.
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